Bonjour,
merci beaucoup pour cet article que j’ai adoré. Malgré le beau temps, ça fait des heures que je suis occupé à lire les débats passionnants dans les commentaires. Je ne suis pas encore arrivé au bout de ceux-ci, mais je voulais déjà réagir par rapport au paradoxe de Fermi.
Personnellement, je ne vois pas de contradiction entre la possibilité qu’il existe des intelligences extra terrestres, et le fait qu’on ne les ai pas encore aperçues. Voici quelques réflexions.
1) Cela ne fait qu’environ 100 ans qu’on maîtrise la radio et qu’on arrive à capter des signaux. Pour les appareils de précision, c’est encore plus récent. Même si une civilisation avancée se trouvait à quelques dizaines d’al de nous, rien ne dit qu’elle a déjà pu capter nos signaux, et si jamais c’est le cas, rien ne dit que nous ayons reçu leur réponse hypothétique, ou même que nous ayons interprété leur réponse comme telle. Cela fait beaucoup de possibilités de non-contact.
2) Quand on observe l’histoire humaine, on s’aperçoit que des phénomènes identiques ont émergé à peu de temps d’intervalle indépendamment en divers endroits du globe. Ainsi, l’agriculture est apparue vers -3500 au proche orient, -3000 en Egypte, -2500 en Chine et en Amérique (de mémoire), alors que l’homo sapiens sapiens date de plus de 100000 ans. Même chose pour diverses théories mathématiques découvertes quasi simultanément par des scientifiques indépendants.
Bref, qu’est-ce qui permet d’écarter la possibilité que la vie serait apparue en divers endroits de l’univers en des périodes relativement proches (à l’échelle cosmique) parce que tel facteur nécessaire à son éclosion est devenu propice à cette époque-là ? Dès lors, ça pourrait expliquer que par des développements parallèles, les différentes créatures intelligentes soient apparues dans un intervalle de temps suffisamment restreint pour empêcher que l’une d’elle ait déjà pu coloniser la galaxie entière. Par exemple, si la première intelligence est apparue il y a 100 millions d’années et qu’elle n’est pas dans notre secteur de la galaxie, ça pourrait expliquer qu’on ne l’ai pas encore vue.
3) Je ne vois pas pour quelles raisons la propagation d’une espèce intelligente dans la galaxie se ferait à une vitesse exponentielle. Moi je vois plutôt une progression en “arbre”.
Mettons que depuis la planète mère des ET puissent atteindre de une à plusieurs étoiles (à priori les plus proches vu les contraintes en masse, énergie et temps du voyage inter stellaire exposées dans cet article). Une fois ces étoiles atteintes, celles-ci donnent éventuellement accès à une ou plusieurs autres étoiles. Mais ce n’est pas obligatoire. Il peut y avoir 36 raisons pour qu’une étoile constitue un “cul-de-sac” de l’arbre : si les étoiles environnantes ne sont pas intéressantes, ou si le système où se sont établis les ET n’offre pas suffisamment d’énergie ou de matériaux pour envisager un autre voyage, ou s’ils n’ont pas pu développer une population suffisante pour avoir un complexe industriel permettant de lancer une nouvelle arche, ou si les conditions politiques/morales/… ne poussent pas à la colonisation, etc.
Au 19e siècle, un lord anglais avait constaté que de nombreux noms de familles prestigieux disparaissaient faute de descendance. Pourtant à priori on a du mal à comprendre comment c’est possible vu qu’en général (surtout à l’époque), les gens avaient plusieurs enfants, transmettant ainsi le nom. Simplement, entre les morts précoces, les filles (qui prennent le nom de leur mari), ceux qui n’ont pas de descendance, etc, cela multiplie les cas de branches “finales”. En moyenne et sur le long terme, le nom de famille finit par disparaître.
J’imagine bien un processus similaire avec la conquête inter stellaire. Pour quelques systèmes planétaires possédant de riches ressources et pouvant essaimer sur plusieurs systèmes environnants, il y en a tout autant sinon davantage qui - bien que pouvant accueillir une communauté - ne disposent pas des conditions permettant de lancer une nouvelle expédition vers les systèmes voisins, constituant ainsi un point final à cette branche. Il est donc tout à fait envisageable qu’un peuple colonise un nombre fini de mondes, puis s’arrête là, toutes les branches ayant abouti à des “culs de sac”.
Dans l’hypothèse un peu moins défavorable ou les systèmes fertiles sont plus nombreux, on peut se retrouver dans la situation où des mondes sont conquis à intervalle régulier, sans pour autant que la progression soit exponentielle. A raison d’une conquête tous les 1000 ans, au bout de 10 milliards d’années un peuple intelligent n’aurait colonisé que 100 millions de mondes, à comparer aux 100 milliards d’étoiles de la galaxie. Notez que si on combine ce point avec le 2), le nombre d’étoiles conquises serait encore bien plus faible.
Bref, selon moi le paradoxe de Fermi ne remet en cause ni la possibilité d’une intelligence ET, ni celle d’une conquête d’autres systèmes stellaires.